12 ans déjà que j’ai pris mon premier départ ici à Sölden ! Je commence à être un peu l’ancienne du circuit, non ? C’est vrai j’ai mes petites habitudes là-bas, un peu comme sur toutes les Coupes du Monde d’ailleurs, mais celle-ci elle a toujours une saveur particulière.
Si globalement ton été s’est bien passé sans pépin physique, tu diras à qui veut l’entendre que tu es en pleine forme, que tu es sereine et qu’évidemment tu as hâte de débuter cette nouvelle saison… bon au plus profond de toi-même, tu sais quand même que tu seras plus tranquille après la première manche quand tu auras vu comment tes copines skient et si ton nom est affiché dans les 3 premières au tableau d’affichage.
Cette année… voilà comment ça s’est passé. 2 jours d’entraînements sur la Ice Box qui a largement tenu sa réputation de frigo et malgré les quelques doutes qui me passent par la tête, je me sens prête. Mais avant tout, j’ai un marathon à faire… tu ne le connais pas celui de Sölden ? Il se passe toujours le jeudi, l’avant-veille de la course. On n’atteint pas les 42 kilomètres mais on enchaîne les sollicitations pendant 12h, tout aussi intense. Après le training du matin, RDV avec tes partenaires qui te donnent ton nouveau matériel, conférence de presse Audi avec les autres athlètes, photos puis retour à l’hôtel et interviews avec la presse française et étrangère. Bref à la fin de cette journée je suis en ébullition et je passe ma première mauvaise nuit de la semaine !
Le vendredi c’est un peu différent. Tu (re)découvres pendant le ski libre le fameux mur de Sölden et tu t’aperçois que finalement il se skie plutôt bien ! Je trouve que les ruptures de pente sont moins marquées qu’il y a 12 ans mais c’est peut-être mon regard qui a changé… j’ai quand même un peu plus d’expérience aujourd’hui ! Enfin c’est le bib draw qui arrive et là tu prends conscience que le lancement de la saison est imminent. J’ai tiré le 3 et j’étais très contente car j’ai déjà gagné avec. Ça ne m’a pas empêchée de passer une nuit agitée… je me faisais un scénario comme quoi on montait, qu’il faisait trop mauvais et qu’on annulait. Ma partie consciente me disait d’arrêter de penser à ça et de rester dans ma course, j’ai finalement sombré dans le sommeil pour une courte durée. Mais c’est quelque chose qui ne m’affole plus trop ça, je sais que j’ai du temps derrière pour récupérer.
Pour mon 192e départ en Coupe du Monde, j’ai répété la routine que j’ai depuis maintenant deux ans : mode guerrière enclenché, quelques mots bien choisis dans ma tête et des exercices d’échauffements spécifiques sur le départ que je mime avec un élastique. Tout se joue là quand tu pousses ce portillon. Une mauvaise pensée et tout peut basculer alors je m’attache à soigner cette partie. La suite, vous la connaissez. 3e de la première manche avec le sentiment d’avoir dompté correctement le Rettenbach et une prise de risque un peu plus importante dans la deuxième pour aller chercher le meilleur. Résultat, une 13e victoire en carrière et un 25e podium, le 2e ici à Sölden après ma 2e place l’an dernier.
Quand je ratais mes courses avant ici, on me disait « Couronne d’automne, courte couronne » ! Là avec ce résultat, ces sensations je suis boostée pour la suite. J’ai trop hâte d’aller skier aux US et de continuer à valider ce que j’ai mis en place dans mon ski. RDV à Killington !
Mon coup de cœur, il va au Fan Club du Grand Bornand. Comme dirait les copains de la Team Valoche ils ont un peu vieilli mais eux aussi ça fait 12 ans qu’ils viennent et affrontent le Rettenbach dans toutes ses conditions ! Merci à Yves Perrissin et sa famille pour leur investissement incroyable et de rassembler tout ce monde autour d’une passion commune. Ils ont hésité à venir, ils avaient même annulé jeudi par rapport à la météo et au coût du voyage et finalement ils ont décidé qu’ils ne pouvaient pas louper ma première course. Je crois que je ne les ai pas déçus… Quel plaisir d’avoir partagé cette première victoire de la saison avec eux !